Désamiantage : Le HCSP recommande d'abaisser le seuil à 2 f/L

Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) réitère sa recommandation de 2014 et appelle à la révision immédiate du seuil de déclenchement des travaux de désamiantage.

Cette recommandation vise à abaisser la limite des fibres d’amiante par litre d’air de 5 f/L à 2 f/L, une mesure qui a déjà fait l’objet de discussions, mais qui reste, en 2025, sans réelle application sur le terrain.

Un appel à l’action : Abaisser le seuil à 2 f/L

Bien que le HCSP ait déjà suggéré un abaissement du seuil en 2014, les autorités compétentes n’ont pas encore pris les mesures nécessaires. La réglementation actuelle repose encore sur un seuil de 5 f/L, fixé en 1997, et basé sur les niveaux de pollution de l’air observés en 1974 à Paris. À l’époque, l’amiante était encore largement utilisé dans de nombreux produits, y compris dans les voitures. Cependant, les concentrations d’amiante dans l’air ont considérablement baissé depuis, passant de 2,98 f/L dans les années 1990 à seulement 0,17 f/L en 2012, soit un déclin significatif.

Une réglementation obsolète

Aujourd’hui, cette réglementation est jugée obsolète par de nombreux acteurs du secteur, dont l’Andeva (Association nationale de défense des victimes de l’amiante), qui souligne que de nombreuses personnes vivant ou intervenant dans des bâtiments amiantés ne bénéficient pas de la protection adéquate. En réaction à la publication de l’avis du HCSP en janvier 2025, l’Andeva insiste sur la nécessité d’adapter la législation pour mieux protéger les travailleurs et les habitants des risques liés à l’amiante.

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Pourquoi 2f/L ?

La valeur de 2 f/L, aujourd’hui préconisée par le HCSP, est basée sur une analyse plus rigoureuse des concentrations d’amiante dans l’air. Le HCSP note que les concentrations actuelles de fibres d’amiante sont bien inférieures à celles mesurées dans les années 1970 et qu’un seuil de 5 f/L n’est plus adapté pour garantir la santé des travailleurs et des occupants des bâtiments concernés.

Des recommandations claires pour la gestion des risques

Le HCSP va au-delà du simple abaissement du seuil. Il préconise de considérer la présence d’amiante dans tous les matériaux, sans se limiter à ceux inscrits dans la liste réglementaire, et de renforcer les fréquences de contrôle dès que la présence de fibres d’amiante est avérée. La recommandation stipule que dès qu’un bâtiment contient de l’amiante, des actions doivent être entreprises pour sécuriser l’environnement.

Cette approche vise à introduire une gestion proactive des risques liés à l’amiante, plutôt qu’une réaction uniquement en cas de dépassement des seuils de concentration. Alain Bobbio, secrétaire général de l’Andeva, applaudit cette initiative et estime qu’une application rigoureuse de cet avis entraînerait des améliorations substantielles sur le terrain, permettant une meilleure protection des travailleurs et des résidents.

Le HCSP, en recommandant une révision des seuils d’intervention dans les bâtiments amiantés, appelle à une mise à jour urgente d’une réglementation qui n’est plus en phase avec les réalités sanitaires actuelles. En abaissant le seuil de 5 à 2 f/L, cette nouvelle législation pourrait marquer une avancée importante dans la gestion des risques liés à l’amiante, en assurant une protection accrue des populations exposées.